L’impact de notre activité numérique sur l’environnement n’est aujourd’hui plus à prouver. En décembre 2022, la loi REEN (Réduire l’Empreinte Environnementale du Numérique) a été votée . Cette loi a été précédée d’une étude reprenant les principaux chiffres en la matière.
Selon cette étude, la fabrication des équipements représente aujourd’hui la part la plus importante de l’impact du numérique et ce sur plusieurs aspects : émission de gaz à effet de serre, consommation d’eau et épuisement des ressources abiotiques. Cependant, le quatrième indicateur, la consommation d’énergie primaire est mieux répartie avec 41% pour la fabrication et 59% pour l’utilisation des équipements (terminaux, réseau et centres de données). Selon une étude réalisée par l’association Green IT et reprise par le Sénat, le numérique serait à l’origine de 4,2 % de la consommation mondiale d’énergie primaire.
Pour diminuer la consommation d’énergie, les organisations peuvent d’ores et déjà agir sur deux principaux éléments : le poste de travail utilisateur d’une part, et les serveurs des salles machines d’autre. ILKI vous en dit plus sur ces deux éléments incontournables.
L’ordinateur et l’écran sont les deux composants les plus énergivores d’un poste de travail. L’effet multiplicateur du nombre de postes de travail peut être dévastateur d’un point de vue consommation énergétique.
Par exemple, 1 000 PC allumés en permanence (24/24 sur 217 jours travaillés) comparés à 1 000 PC allumés 8 heures par jour et 16 heures en veille consommeront 302 000 kWh* de plus soit 84 000 €** de plus en un an ! Si les PC sont éteints plutôt qu’en veille, cela représente une économie supplémentaire de 39 000 € par an !
Quantité de PC | 1000 | 1000 | 1000 |
Nombre de jours travaillé/an | 217 | 217 | 217 |
Durée d’allumage | 24h/jour | 8h/jour | 8h/jour |
Durée de veille | 0h/jour | 16h/jour | 0h/jour |
Durée extinction | 0h/jour | 0h/jour | 16h/jour |
Consommation électrique | 661 400 kWh | 359 400 kWh | 220 500 kWh |
Prix2 | 185 196 € | 100 619 € | 61 732 € |
Quant à l’écran seul, pour la même simulation, cela représenterait une économie respective de 26 000 € et 3 000 €***.
Aujourd’hui, tous les écrans sont par défaut en mode veille au bout de quelques minutes d’utilisation, mais ce n’est pas le cas pour les PC. Il est donc indispensable d’agir sur cette variable pour diminuer ses coûts d’énergie. La méthode la plus efficace est de le configurer de manière centralisée et automatisée. La DSI peut le faire soit via un outil de management de postes de travail ou par l’application d’une GPO via Active Directory. Si cette configuration ne peut être centralisée, il restera rentable de demander à un technicien d’intervenir sur chaque poste pour activer cette dernière.
Concernant l’extinction des PC, la sensibilisation des utilisateurs est indispensable. Extinction des postes les soirs et week-end…
Ces mesures peuvent cependant rentrer en conflit avec les mises à jour des postes souvent gérées de manière automatisée la nuit et qui nécessite que le PC soit allumé ou qu’il dispose d’outils avancés de réveil (Wake on Lan). Pour répondre à cette problématique, il est également possible de faire les mises à jour lors de l’extinction des PC par les utilisateurs.
Il existe également des solutions pour gérer automatiquement la mise en veille des postes de travail à distance, souvent via un agent installé sur chaque poste. On peut citer par exemple la solution française AVOB My IT Manager.
Un serveur physique consomme beaucoup plus qu’un poste de travail, soit environ 400 Watts en moyenne. Cette consommation est également dépendante de sa charge de travail. Un serveur occupé à 80 % consommera plus qu’un serveur occupé à 10%. Enfin, il ne faut pas oublier et ne pas négliger la nécessité de refroidissement associé à la consommation d’un serveur dans une salle machine ou un centre de données.
En effet, il faut dépenser de l’énergie pour faire fonctionner les climatisations. Un centre de données moderne nécessitera de l’ordre de 0,2 fois la puissance des serveurs pour le refroidissement alors qu’une salle serveurs mal isolée ou mal conçue pourra nécessiter entre 2 voire 3 fois la consommation des serveurs. Ce principe est mesuré par le PUE (Power Usage Effectiveness).
Cependant, il y a beaucoup moins de serveurs que de postes de travail. Les efforts sur les serveurs ont donc moins d’impact sur la consommation finale. La virtualisation des serveurs a également permis de consolider drastiquement les serveurs physiques avec des ratios de 1 serveur physique pour quelques dizaines de serveurs virtuels. Par exemple, 10 serveurs physiques avec un taux de refroidissement de 2,5 représentera une consommation annuelle de 87 600 kWh soit un coût de 24 500 € par an.
Plusieurs mesures peuvent cependant être prises pour faire des économies. La plus simple est d’utiliser les fonctions de gestion de la consommation disponibles dans la majorité des solutions de virtualisation. En effet, pour des raisons de disponibilité, les serveurs physiques sont souvent plus nombreux que nécessaires pour le fonctionnement normal des activités et des marges de manœuvre existent. Par exemple, la fonction DPM (Distributed Power Management) est disponible avec l’hyperviseur vSphere de VMware très répandu. Son utilisation permet sur différents critères (horaires notamment) de déplacer des serveurs virtuels afin de diminuer le nombre de serveurs physiques réellement utilisés (la nuit par exemple) puis de mettre en veille les serveurs physiques non utilisés. Les serveurs doivent disposer d’interfaces spécifiques pour permettre la mise en veille et le réveil des serveurs (IPMI, ILO ou WOL). Cette fonctionnalité peut permettre d’économiser de l’ordre de 30% d’énergie, même si malheureusement elle n’est disponible qu’avec la licence la plus élevée de VMware…
L’autre axe d’amélioration principal reste la diminution du besoin en refroidissement. Cependant, cette mesure nécessite de réaliser un diagnostic de sa salle serveurs et d’effectuer des travaux parfois importants mais rentables sur le long terme. L’autre solution est d’externaliser son infrastructure serveur dans des centres de données dont le PUE est bien meilleur que les salles serveurs.
Les équipements réseau sont moins consommateurs que les serveurs et il est quasiment impossible d’agir directement dessus pour optimiser leur mise en veille ou extinction automatisée. Pour exemple, une borne WiFi ou un routeur consomme autour d’une dizaine de Watts.
Nous avons vu que l’effort principal doit se concentrer sur les postes de travail. La configuration automatique de la mise en veille associée à une communication auprès des utilisateurs pour éteindre leurs PC peut générer des économies substantielles.
Il ne faut cependant pas négliger les marges de manœuvre dont nous disposons dans les salles serveurs souvent énergivores.
À noter que les usages des utilisateurs n’auront pas d’impact important sur la consommation d’énergie de l’organisation en tant que telle, mais qu’elle en aura à l’échelle de la planète ! Une bonne utilisation des outils collaboratifs et la sobriété numérique restent alors un facteur clé d’amélioration !